Méditation du 27ème dimanche du temps ordinaire (A), par Marcel, diacre accompagnateur



Evangile de Jésus Christ selon Saint Matthieu chapitre 21, versets 33 à 43 (Mt 21,33-43)

Pour Jésus, la parabole est une manière d’expliquer, en termes simples et à travers des faits et des situations courantes très concrètes, des réalités souvent plus complexes ou d’ordre spirituel. Mais si les histoires sont simples et pleines de bon sens, notre capacité d’aveuglement est tellement grande qu’il nous est très souvent difficile d’en accepter la leçon ou les applications qui nous concernent directement.

Le chant de la vigne, que nous a offer
t Isaïe, est comme un chant d’amour que Dieu lui-même nous adresse. Tout comme la parabole de Jésus nous révèle la patience, la tendresse, la sollicitude, dont Dieu nous entoure. Non seulement en tant que personne, mais plus précisément comme communauté, comme Eglise. C’est l’aveu d’un amoureux de sa vigne. Il nous la confie pour la cultiver, l’arroser, la protéger, lui faire produire des raisins de qualité. Ce n’est pas un privilège dont nous pourrions nous gargariser, mais une mission qu’il s’agit d’accomplir. » C’est parce que je vous aime, nous dit le Seigneur, et que j’ai pleinement confiance en vous, que je vous confie ma vigne, pour qu’elle donne des fruits de première qualité. Et même en abondance.

Or, la poésie d’Isaïe et la parabole de Jésus se terminent en tragédie. Le grand amour chanté dans la première partie, devient douloureuse lamentation dans la seconde. Un amour déçu. Le Seigneur espérait des résultats, des fruits vermeils, juteux, légèrement sucrés. Et voilà qu’ils sont acides, et donc décevants. Il attendait des primeurs, et ne trouve que des fruits dégénérés. Il comptait sur l’entraide et la justice. Il n’entend que les cris des opprimés. Le précieux vignoble n’a donné que du « raisin vert ». Il n’y a plus qu’à détruire la clôture et laisser passants, bestiaux et autres animaux, piétiner le domaine lamentablement exploité…
Ce n’est pas tout. Isaïe prolonge le chant d’amour en six malédictions, qui expriment la déception du propriétaire, confronté à une gestion catastrophique et abus de biens sociaux, comme on dit aujourd’hui.

La violence des reproches est à la mesure de la déception.

Décevoir Dieu est-ce possible, Lui qui est riche en miséricorde ?...

Sa déception n’est pas une blessure narcissique, mais elle est sa douleur de voir l’Homme s’égarer loin du Chemin, de la vérité et de la Vie.

La parabole de Jésus n’est pas moins vigoureuse. Les fils et les filles de la maison (Israël), les choisis, les choyés, ne remplissent pas leur mission. Plus fort encore, ils maltraitent les employés du propriétaire (les Prophètes). Et puis, c’est l’escalade. Jusqu’à l’assassinat du fils (le Christ), pour tenter de capter l’héritage.

Mais la vigne sera alors confiée à d’autres.

A ceux-là même que les premiers considéraient du haut de leur mépris : Les marginaux, les étrangers, les païens...

Nous préférons sans doute les louanges, les félicitations, les encouragements, aux reproches, aux douches froides, aux coups de fouet des prophètes en colère.

Mais quelles leçons en tirer aujourd’hui ?

L’amour, la bonté, la fraternité, sont justice et vérité. Mais cet amour n’est pas aveuglement et faiblesse, et cette bonté n’est pas mollesse, mais fermeté.

Il ne suffit pas non plus que nous portions l’étiquette d’un label de qualité : super chrétien ou ultra-catho. Nous ne sommes pas dispensés de travail pour autant. Et le Père attend que nous portions du fruit. Du fruit de qualité en abondance.

Le cri de son Amour déçu doit nous faire mesurer l’intensité de cet Amour, nous réveiller, secouer notre torpeur.
Si nous prenons la vigne dans son ensemble, la vigne de l’Eglise, celle de nos communautés locales, c’est le même problème.

Ainsi, chaque eucharistie est une invitation à nous remettre en question, provoquer un examen de conscience, être convoqué à nouveau sur le chantier de la Vigne, pour y réaliser mieux et davantage notre mission et d’accueillir le Fils du Père avec joie et reconnaissance.

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